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LE MOYEN-ORIENT, D’HİER A AUJOURD’HUİ

Tout événement est singulier dans la mesure où il se produit, et tout événement avant qu’il ne se produise est la cause de conditions plurielles, nous avons donc appelé notre émission « du pluriel au singulier ». Nous y parlerons de sujets divers et d’une manière que nous espérons neuve allant de la politique, à la science, […]

LE MOYEN-ORIENT, D’HİER A  AUJOURD’HUİ
01 Nisan 2018 - 19:36 'de eklendi ve 2297 kez görüntülendi.

Tout événement est singulier dans la mesure où il se produit, et tout événement avant qu’il ne se produise est la cause de conditions plurielles, nous avons donc appelé notre émission « du pluriel au singulier ».

Nous y parlerons de sujets divers et d’une manière que nous espérons neuve allant de la politique, à la science, en passant par l’histoire et la technologie.

Pour notre première émission, nous allons parler du Moyen-Orient qui depuis plus d’un siècle est la région du monde dans laquelle les tensions politiques, géopolitiques, stratégiques se concentrent le plus, tensions alliant l’énergie, la religion, l’économie et les politiques d’influence.

I – Effets de la Première Guerre mondiale.

Il y a un peu plus d’un siècle, le 28 juillet 1914 débutait la Première Guerre mondiale opposant deux camps, d’une part, la Triple-Entente également appelée les « Alliés » composée principalement de la France, de l’Empire britannique et de la Russie et d’autre part, les Empires centraux composés de l’Allemagne, de l’Autriche-Hongrie et de l’Empire ottoman.

Au début de la guerre, chacun des deux camps pense que la guerre sera rapide et que la victoire leur est acquise. Or sur le front Ouest, les forces s’équilibrent sur les champs de bataille, si bien que quelques mois après le début de la guerre les armées s’immobilisent dans ce qui est appelée la « guerre de position » causant d’innombrables dommages matériels et humains dans les deux camps.

Pour briser cet immobilisme, les Anglais décident de porter la guerre à l’Est et d’attaquer l’Empire ottoman. Ce sera la fameuse bataille du détroit des Dardanelles débutant en avril 1915.

L’acte 1 de l’histoire du Moyen-Orient débutait.

Acte 2 : volontés de renouveau et revendications d’indépendance des Arabes face aux intérêts franco-britanniques.

Dans l’objectif déstabiliser les ennemis de l’intérieur chacun des camps développait des politiques de soulèvements en encourageant les minorités à se rebeller. Ainsi, l’Allemagne essayait de créer des troubles en Irlande et en Inde, alors que la France et l’Angleterre encourageaient les minorités à l’intérieur de l’Empire ottoman à l’irrédentisme.

Si bien que lorsque qu’en 1914 l’Empire ottoman appelle les musulmans à la guerre sainte, au « jihad», contre la Triple-Entente, cette dernière s’empresse de créer un contre « jihad » par l’intermédiaire du chérif de la Mecque Hussein ben Ali, maître du Hedjaz – province de la péninsule arabique qui administre les villes saintes de la Mecque et Médine. Le chérif Hussein ben Ali appartenant à la dynastie des Hachémites, qui désigne les descendants de Hachim ibn Abd Manaf, arrière-grand-père du prophète Mohamed, il fut surnommé Hâchim – celui qui rompt le pain – pour avoir sauvé sa tribu d’une famine en amenant une caravane de céréales de Syrie.

Mais comment convaincre les Arabes d’entrer en guerre contre l’Empire ottoman ? Par l’étude de l’évolution des mentalités et la mise en pratique de cette étude.

En effet, depuis la fin du XIXe siècle, un mouvement de modernisation arabe voit le jour, la Nahda, à la fois littéraire, politique, culturelle et religieuse. La réinvention identitaire – développement de la raison et la science face à la croyance, développement des libertés et de la démocratie – entraîne des revendications identitaires.

Les « Alliés » sauront convaincre les leaders arabes en exploitant parfaitement leurs attentes et leur promettant l’indépendance, c’est-à-dire la création des conditions permettant la réalisation des volontés de modernisation.

C’est le début, en juin 1916, de ce qui sera appelé la grande révolte arabe, avec des protagonistes tels que le prince Fayçal, fils du chérif Hussein ben Ali, côté arabe, l’officier de liaison Thomas Edward Lawrence côté anglais, dont le mythe qui s’est développé par la suite a fait perdre de vue les effets essentiels de son action sur les plans politique et militaire, ou le général Édouard Brémond côté français particulièrement actif au Hedjaz, il est un des principaux soutiens de la grande révolte arabe contre les Turcs.

En juin 1917, Fayçal ben Hussein, fils du chérif Hussein, remporte la bataille d’Aqaba, ville portuaire en bord de la mer Rouge située au Nord de la péninsule arabique, ce qui permet à la révolte d’être ravitaillée par les Britanniques.

Après cette victoire des forces anglo-arabes qui protège le flanc des « Alliés », le général britannique Edmund Allenby dont les armées sont positionnées en Égypte passe alors à l’offensive et lance la campagne de Palestine : le 17 novembre 1917, la ville de Jaffa est prise, suivie de Jérusalem le 9 décembre de la même année.

En 1918, l’offensive reprend, les forces britanniques combattent les Ottomans et les Allemands en Palestine tandis que les Arabes lancent leurs troupes vers la Syrie. Damas est prise par Hussein en septembre. Les 25 et 26 octobre 1918, les forces britanniques et arabes remportent la bataille d’Alep, obligeant les Ottomans à évacuer la Syrie.

Ainsi, les volontés de renouveau portées par le mouvement « Nadha », les revendications d’indépendance des Arabes seront très efficacement exploitées par les Britanniques et les Français, et si les leaders arabes croyaient sincèrement que les « Alliés » leur apporteraient cette indépendance en échange de leur entrée en guerre contre l’Empire ottoman, il n’en allait pas de même pour ces « Alliés » qui un mois avant la révolte arabe, c’est-à-dire en mai 1916, signaient les accords Sykes-Picot qui prévoyaient la création d’un ou de plusieurs Etats arabes sous tutelle entre zones d’influence française et britannique.

Les accords de Sykes-Picot avaient été initiés car la Russie, se considérant comme la troisième Rome, avançait l’argument qu’Istanbul, ancienne capitale de la Byzance, lui revenait, il fallait donc trouver des accords afin de déterminer les partages.

Si bien que, le « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes » signifiait pour les Arabes du Moyen-Orient d’avoir la liberté ou le droit de choisir soit la domination française, soit la domination anglaise, les appellations « Syrie » et « Arabie » étant des termes utilisés pour signifier ce qui revient à la France et ce qui revient à la Grande-Bretagne.

En 1912, les Anglais reconnaissent à la France que la totalité de la Syrie est dans la zone de l’influence française, Syrie considérée comme l’extension du Levant, la Grande Syrie ou Syrie naturelle, qui serait culturellement levantine, c’est-à-dire franco-arabe.

Par ailleurs, des rivalités existent également entre Français et Britanniques, ces derniers remportant des succès militaires en Palestine et dans la Syrie actuelle, à une période où l’armée française n’est pas très présente au Moyen-Orient – la présence militaire française se concentrant alors à Thessalonique – remettent en cause les accords Sykes-Picot. Français et Anglais se querellent sur la définition des frontières de la « Grande Syrie » et de la « Grande Arabie ».

Si les Arabes ignorent ou méconnaissent les arrière-pensées franco-britanniques, ce sont bien ces arrières pensées qui structurent la politique de ces deux puissances européennes qui voient le monde sous l’angle de l’influence et la domination qu’elles considèrent comme étant leurs principaux intérêts.

C’est partant de là, de cette conception du monde comme zone d’influence à conquérir, que la France et la Grande-Bretagne « descendent sur le terrain », terrain sur lequel ils développent des politiques et avancent des arguments de façade pour l’opinion publique, mais hors de ce terrain c’est bien les intérêts, hors de toute considération éthique, qui décident de la politique suivie.

Un cas exemplaire est l’officier de liaison Thomas Edward Lawrence qui a avant tout en vue et comme objectif de servir les intérêts britanniques, lorsque lors de la Première Guerre mondiale, il « descend sur le terrain », il devient l’ami des Arabes, des Bédouins, s’habillant, parlant, vivant comme eux, il devient Lawrence d’Arabie, aux yeux des Arabes, qui ne voient pas qu’il s’agit d’un rôle interprété, il est comme eux, alors que la pensée intérieure de l’officier de liaison Thomas Edward Lawrence est : « Si nous gagnons la guerre, les promesses faites aux Arabes sont un chiffon de papier ».

Cette méconnaissance entre ce qui est décidé en « haut lieu », comme on dit, et de ce qui est interprété lors de la « descente sur le terrain » est typiquement une marque de l’ignorance politique des habitants de cette région. Bien qu’il y ait eu des progrès depuis, ils se laissent encore prendre aujourd’hui à ces jeux.

Finalement, en septembre 1918, l’armée anglaise de Palestine et d’Irak et l’armée française de Thessalonique attaquent simultanément ce qui entraîne la défaite de l’Empire ottoman. L’armistice de Moudros est signé qui sera suivi par le traité de Sèvres qui créé plusieurs Etats arabes sous tutelle française ou britannique et partage la Turquie en plusieurs zones d’occupation. Les velléités d’indépendance arabes seront dès lors évidemment réprimées.

Acte 3 : le pétrole, l’économie industrielle et la mécanisation de la guerre.

Le pétrole est connu et utilisé depuis l’Antiquité, néanmoins c’est à partir des années 1850 que son utilisation sera à échelle industrielle et en 1910 il est considéré comme une matière première stratégique, à l’origine de la « géopolitique du pétrole ».

La motorisation – utilisation de chars de combat, de camions militaires et d’avions fonctionnant au pétrole – des troupes armées prendra toute son importance lors de la Grande Guerre (1914 – 1918).

Ainsi : « Lors de la Première Guerre mondiale, la motorisation des troupes, faibles au début du conflit, se développe rapidement. Les véhicules automobiles équipés de moteur remplacent les chevaux pour le transport, les chars d’assaut apparaissent en 1916 et l’aviation révélera tout son potentiel au cours des hostilités. L’épisode décisif – et révélateur de l’importance des carburants – est la bataille de la Marne. C’est en effet grâce à une mobilisation des fameux taxis de la Marne que les troupes purent être acheminées sur le front et que fut évitée une percée allemande qui aurait pu mettre Paris en danger. Deux citations résument alors toute la portée du pétrole durant ce conflit.

Lord Curzon, président de l’Inter-Allied Petroleum Conference déclare : « La cause alliée a flotté jusqu’à la victoire sur une vague de pétrole ». Le sénateur Henry Béranger, qui pendant la guerre contrôlait les importations et la distribution de pétrole, conclut un discours sur une phrase restée fameuse : « Le sang de la terre fut le sang de la victoire ». (1)

Lors de la Première Guerre mondiale, les principales zones pétrolifères connues se trouvent au Moyen-Orient.

Autant le partage du Moyen-Orient au début du 20e siècle répondait d’abord à l’idéologie de la domination et de l’influence culturelles, autant à partir de 1916, il a été pragmatique en fonction du contrôle et de l’exploitation des zones pétrolifères, si bien que l’appellation des régions contrôlées a également changé, la « Grande Syrie » ou la « Syrie naturelle », permettant de faire rayonner la culture française, est devenue la « Syrie utile » en fonction de la présence ou non de pétrole.

Acte 4 : les moyens de communication.

Dans le contexte d’interdépendance des nations commence à se poser la question de l’unification culturelle et de la langue internationale, celle qui sera prédominante et qui l’emportera sur les autres.

Le romancier George Herbert Wells (1866 – 1946) prédit que cette langue sera le Français en raison de la supériorité intellectuelle des ouvrages français : « l’avantage majeur du Français n’est-il pas que les ouvrages qui se publient en France sont de haut niveau, scientifique, philosophique et littéraire ? » (2)

Or, précise Armand Mattelart, « dans les faits, La France dont la langue a été la lingua franca des relations internationales depuis près de deux cent cinquante ans a déjà senti le socle de sa prédominance linguistique se fissurer sous les coups d’autres idiomes. Pour faire face à cette « lutte darwinienne » pour l’hégémonie linguistique, elle a créé, en 1883, l’Alliance française, « association nationale pour la propagation de la langue française dans les colonies et à l’étranger ». (3)

Par ailleurs, au-delà des aspects civilisationnel et culturel, la « communication » montre son importance dans le domaine des conflits armés : « Avant que n’éclate le premier conflit mondial, deux guerres, celle des Boers (1899 – 1902) et la guerre russo-japonaise (1904-1905), confirment, la première, le poids décisif du train et du télégraphe et, la seconde, le rôle des radiocommunications.

L’Angleterre s’empressa de tirer des leçons de ce conflit en faisant de la radiotélégraphie un monopole d’Etat, l’attribuant au Post Office sur lequel l’Amirauté exerçait son droit de regard. » (4)

À cette période dans laquelle va donc croissante, à l’instar du pétrole, l’importance de la « communication », celle-ci devient source de tensions : « Contrôler les complexes géo-communicationnels ne va pas sans entraîner des tensions nationales et internationales ».

L’Empire Ottoman, voie d’accès privilégiée au Moyen-Orient et en Asie, attise ici aussi les convoitises :

« Dans le cadre de la fameuse « Question d’Orient », l’Empire Ottoman, en octroyant, au tournant du siècle, à l’Empire allemand la concession d’un câble liant Constance à Constantinople et celle de la ligne de chemin de fer vers Bagdad, et, à terme, vers le golfe Persique, met en ébullition les Empires rivaux. L’Angleterre et la France y voient en effet l’expression du projet expansionniste du pangermanisme qui cherche à mener à bien sa devise Drang nach Osten – la « Marche vers l’Est »- en consolidant sa position qui s’ouvre sur les champs de pétrole. Court-circuiter l’Empire britannique en contournant le canal de Suez est une obsession constante des stratégies d’expansion ferroviaire vers l’Orient. »

Ainsi, se retrouve également sur le terrain de la « communication », qui durant la fin du XIXe siècle a acquis une importance incontournable dans de nombreux domaines – du militaire, au culturel en passant par l’économique – un champ de tensions entre grandes puissances en lutte pour une suprématie hégémonique, et qui a concerné l’Empire Ottoman, en tant qu’emplacement géographique stratégique – région de liaison entre l’Europe, l’Asie et le Moyen-Orient.

Acte 5 : le wilsonisme et la révolution russe.

En janvier 1918, donc 10 mois avant la fin de la guerre le 11 novembre 1918, le président américain Woodrow Wilson énonce devant le Congrès des Etats-Unis les 14 points d’un programme politique qui ambitionne d’apporter des solutions aux problèmes commerciaux et politiques de la Première Guerre mondiale.

En avril 1917, les Etats-Unis, d’abord isolationnistes, entrent en guerre auprès des forces des « Alliés » et envoient près de deux millions de soldats ce qui sera décisif sur l’issue de la guerre en faisant finalement pencher celle-ci en faveur des Alliés.

A rebours de la politique colonialiste occidentale reposant principalement sur la domination et l’influence, les 14 points de Wilson insistent d’abord sur le « droit » des peuples à disposer d’eux-mêmes, sur l’autodétermination mais également sur la souveraineté des Etats.

Cette nouvelle vision redéfinira l’approche politique des puissances coloniales, France et Empire britannique en tête, concernant leurs projets de conquêtes et de domination. Les Etats-Unis dont les forces sont intactes et l’économie non affectée par la guerre possèdent désormais un poids militaire et donc politique qui lui permet de peser grandement sur les décisions diplomatiques et politiques.

Sur le front Est de la guerre la révolution bolchevique en octobre 1917 en Russie change la donne. En effet, à la suite de la révolution, les Bolcheviks prennent le pouvoir et lancent des pourparlers de paix avec les Empires centraux.

Cela a deux conséquences, la première est d’ordre militaire, les forces allemandes qui ne se battent plus sur le front Est seront disponibles sur le front Ouest ce qui pourra équilibrer l’arrivée des forces américaines et faire pencher la guerre en faveur des Empires centraux. La seconde conséquence est d’ordre politique, les Bolcheviks au pouvoir étant anti-impérialistes et anticolonialistes, ils deviennent un ennemi des forces des « Alliés » ce qui contraindra les puissances coloniales de l’époque, à l’instar des effets de la vision politique wilsonienne, à redéfinir l’approche des politiques coloniales.

Les traités désormais incorporeront les notions de « droits des peuples », la politique internationale sera davantage décidée en commun entre puissances suivant le développement des préceptes wilsoniens, la domination des territoires se fera sous forme de « mandats » qui à terme devra en principe apporter l’indépendance aux territoires et peuples conquis.

Ainsi, il y aura un mandat français, de 1920 à 1946, sur la Syrie et le Liban et un mandat anglais, de 1921 à 1932, sur la Palestine et sur l’Irak.

Néanmoins, cette évolution est d’abord théorique et ne redéfinit pas fondamentalement les politiques des puissances coloniales qui conçoivent leurs intérêts comme dépendant des capacités d’influence et de domination, ce qui change principalement est l’approche et l’argumentation politiques pour aboutir au même résultat.

Si à l’époque coloniale l’argumentation reposait sans détour sur les « droits des peuples supérieurs » sur les autres peuples, à la suite de l’évolution wilsonienne et la révolution communiste l’argumentation reposera davantage sur les « droits de l’homme » qui deviendra alors le levier d’action.

Ainsi, les 5 actes fondateurs de l’histoire du Moyen-Orient sont posés :

. Déplacement de la guerre à l’Est en raison du blocage à l’Ouest,

. Mouvement de modernisation arabe exploité et structuré par les « Alliés »,

. Importance croissance du pétrole présent en quantité dans cette région,

. Importance des télécommunications terrestres dont la Turquie est une route privilégiée,

. Redéfinition des approches politiques des questions internationales suivant les préceptes wilsoniens et effets de la révolution russe.

S’il y a un siècle, les intérêts des puissances coloniales imposaient de soutenir le nationalisme arabe et la création des Etats-nations sous tutelle permettant le contrôle des zones pétrolifères et la présence dans cette région, servant les influences politiques et culturelles, aujourd’hui ces puissances conçoivent leurs intérêts dans le morcellement de ces mêmes Etats, conception dont l’idéologie néoconservatrice représente l’aspect le plus visible.

Dans ce cadre, les Etats-Unis disent ce qu’ils font et font ce qu’ils disent, c’est ce qu’on appelle un effet performatif qui a pour effet d’une part, d’enserrer l’action de manière circulaire et de rendre difficile son analyse et d’autre part, de donner un aspect démiurgique à la parole proférer, ce qui est en adéquation avec la vision « civilisatrice » que ce pays a de lui-même et sa vocation impériale.

Néanmoins, il faut se défier des conclusions trop simplistes et savoir détourner son regard de ce phare impérialiste américain dont la lumière trop clairement projetée peut empêcher de voir ce qui se passe ailleurs, de voir les autres acteurs qui participent de la redéfinition actuelle du Moyen-Orient selon leurs intérêts.

Ce, qu’à titre personnel, j’ai vu ici en France, où une alliance qui ne dit pas son nom montre les doubles jeux se déroulant en Turquie, ce dont il serait d’une grande utilité pour les Républicains turcs sincères de m’interroger sur le sujet.

II – La nouvelle donne au Moyen-Orient.

En politique, tout commence par une idée, puis des personnes solides pour la représenter.

A la suite des attentats terroristes du 11 septembre 2001, l’idée aux Etats-Unis était simple, ce sont les Etats autoritaires, en particulier au Moyen-Orient, qui sont la cause et la condition du développement du terrorisme international et l’importation de la « démocratie » dans ces pays réglera tous les problèmes de la région et donc sécurisera le « monde libre ».

Michael Thomas Flynn, ancien général américain et directeur de l’agence américaine de renseignement, la DIA – Defense Intelligence Agency – s’étant rendu au Pentagone quelques jours après le 11 septembre 2001, rapporte la discussion qu’il a eu avec un général, celui-ci  lui annonce que les politiques américains ont pris la décision d’envahir l’Irak :

Michael Thomas Flynn : « Allons-nous encore à la guerre avec l’Irak ? ».

Réponse du général : « Oh, c’est pire que ça », puis allant à son bureau il prend un morceau de papier et dit: « Je viens juste de descendre de l’étage » – c’est-à-dire le bureau du secrétaire à la Défense. Et il a dit : « ceci est un mémo qui décrit comment nous allons faucher sept pays en cinq ans, en commençant par l’Irak, puis la Syrie, le Liban, la Libye, la Somalie, le Soudan et, en finissant, l’Iran ».

Ainsi, aujourd’hui les Etats-nations créés il y a un siècle selon certains intérêts sont la cible, maintenant que ces Etats-nations ont acquis une certaine indépendance, d’une politique de démembrement selon d’autres intérêts.

Ces politiques de démembrement suivent deux voies, soit l’intervention militaire directe, soit la prise par l’intérieur avec les techniques de « regime change », modèle de révolution contemporaine présenté sous la forme d’un « package » déclinable au niveau local ou national, tels que développées d’abord en Serbie par des personnages comme Aleksandar Maric engagé au sein d’Otpor.

Dans l’époque actuelle où les géographies et les peuples sont redéfinis et où d’immenses intérêts sont en jeu, tout le chaos qui en résulte et le brouillard qu’il engendre, il est parfois difficile de discerner qui fait quoi.

Néanmoins, il serait faux de penser ou croire trop rapidement et trop naïvement que seuls les Etats-Unis, parce qu’ils l’affichent et l’affirment, agissent dans cette région, d’autres puissances moins prolixes agissent également suivant leurs intérêts dans le cadre de cette politique de redéfinition régionale. Il serait également naïf de penser ou croire que les alliances ou les tensions affichées représentent le réel de ces alliances ou de ces tensions.

(1) Ouvrage Collectif, « Recherche et production du pétrole et du gaz. Réserves, coûts et contrats. », page 14.

(2) Armand Mattelard, « la mondialisation de la communication », page 37.

(3) Ibid., page 37

(4) Ibid., page 35

İlker TEKİN

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